Il était grand temps je me mette au travail pour vous présenter mon matériel didactique qui sort tout droit de la pédagogie Montessori.
Je vais commencer par vous faire découvrir les ateliers que l'on propose aux enfants pour exercer leurs perceptions sensorielles.
Mais pourquoi affiner leurs sens ? A quoi cela va-t-il leur servir ? En fait, ces activités ne sont qu'un complément. Elles ne remplaceront jamais la vie réelle, riche et variée : marcher dans le sable, sur la moquette, toucher du bois, faire de la peinture, de la poterie, jouer dans l'eau, préparer une salade de fruits, écouter le chant des oiseaux, ramasser les feuilles mortes en automne, sentir les fleurs... Toutes ces expériences vont nourrir l'intelligence plastique de l'enfant en plein développement. Le matériel didactique va simplement donner au tout petit les outils pour classer et ranger ces nouvelles informations. Il offre un ordre. Nos petits apprentis vont ainsi améliorer leur représentation du monde.
Pour prendre un exemple : une bonne perception auditive chez l'enfant lui donnera accès à une meilleure prononciation des mots et facilitera l'entrée dans la lecture dans le futur.
Malheureusement, le matériel Montessori est souvent hors de prix. J'ai décidé de bricoler maison un maximum de choses. Mais ce n'était pas toujours réalisable pour moi qui possède deux mains gauches. J'ai pris l'initiative de me passer d'une partie de l'équipement listé dans le livre de Céline Alvarez.
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Mieux voir
- Les cylindres :
C'est le premier atelier à présenter aux enfants, dès l'âge de 2 ans et demi. Il s'agira de commencer par introduire une seule série d'encastrements à la fois, en sortant les cylindres du socle pour les mélanger devant l'enfant. Puis, de demander à ce dernier de les replacer au bon endroit. Est ainsi travaillé la perception des dimensions : hauteur, largeur. L'autocorrection est instantanée car l'enfant réalise très vite lorsqu'un cylindre ne se trouve pas au bon endroit.
Dès que chaque série d'encastrements se trouvent maîtrisées par l'enfant, nous pouvons l'inviter à en effectuer 2 simultanément. Pour passer ensuite à 3 séries, puis les 4.
Actuellement, Pomme 2 n'en est qu'à réussir une série d'encastrements à la fois. Il aime beaucoup cet atelier qu'il refait seul très souvent. Je pense lui expliquer prochainement qu'il peut s'entraîner à ranger 2 séries en même temps.
Je me suis procurée ces cylindres sur amazon pour une dizaine d'€uros. Ils sont plus petits et possèdent moins d'encastrements que la version Montessori. Mais il font l'affaire. Ils ne possèdent pas de couleurs, ainsi l'enfant peut se concentrer sur une unique donnée : les différentes dimensions.
- Les barres rouges :
Cela n'a pas l'air sorcier de notre point de vu d'adulte. Ce sont des barres de différentes longueurs qu'il suffit de classer par ordre croissant ou décroissant. Est ainsi travaillé la discrimination visuelle. Mais pour les enfants, c'est l'exercice le plus difficile à maîtriser de tout les ateliers didactiques sur les sens.
Pour réaliser ces barres, j'ai simplement découpé du papier de couleur rouge de tailles différentes, et j'ai plastifié le tout. Encore une fois, une seule donnée varie : la longueur, pas la couleur.
Il faudra présenter l'atelier à l'enfant en réalisant la suite logique sous ses yeux, pour ensuite le laisser manipuler librement les barres. Il n'y a pas d'autocorrection, c'est seulement par son sens de la vue que l'enfant comprendra s'il a commis une erreur. Il se peut que ce dernier mette du temps à prendre conscience du bon schéma.
Pour le moment, Pomme 2 réussi à classer par ordre croissant les barres rouges mais en intervertissant toujours 2 barres au milieu.
- Boîte à observer :
Cela ne fait pas partie du matériel suggéré par Céline Alvarez. C'est un ajout de ma part qui me semblait intéressant. J'ai simplement donné un tupperware vide ainsi qu'une loupe à Pomme 2 (trouvée à 2€ à la foire aux prix ronds chez Leclerc). Je lui ai expliqué qu'il pouvait y ranger à l'intérieur les petits trésors qu'il affectionne ramasser lorsque nous partons en promenade. Pomme 2 peut ainsi agrandir sa collection, mais surtout observer la nature au plus près. Et bingo ! Il adore sa boîte aux trésors ! Il passe beaucoup de temps à tout inspecter. Lors de nos balades, il s'échine à trouver de nouvelles choses.
- Le reste du matériel que je ne possède pas :
La tour rose, l'escalier marron et la boîte de couleurs sont les 3 ateliers que je ne peux pas proposer à Pomme 2. Mais ils peuvent facilement être remplacés.
Le principe de la tour rose est simplement d'empiler des cubes de différentes grosseurs, du plus gros au plus petit, les uns sur les autres, afin qu'une tour se profile. Je possède déjà un jeu type pyramide avec des gobelets gigognes.
La boîte des couleurs n'est pas une nécessité pour nous, car Pomme 2 a déjà acquis cette capacité. Il suffit de faire observer la couleur des objets du quotidien aux enfants, en principe cela les passionne.
Quant à l'escalier marron, ce sont des pavés qu'il faut ranger du plus bas au plus haut, les uns à côté des autres, ce qui finit par donner un escalier. Je n'ai pas trouvé d'alternative à ce jour pour cette activité.
Mieux entendre :
- Les boîtes à sons :
Il s'agira cette fois d'améliorer la perception auditive. En proposant ces petites boîtes à bruits qu'il conviendra de classer par paires, car possédant 2 sons identiques. Il faudra montrer à l'enfant le déroulement de l'atelier : secouer une des boîtes et écouter attentivement son son, garder en main la boîte, puis secouer une par une toutes les autres boîtes jusqu'à tomber sur le son similaire, enfin ranger les boîtes jumelles sur le côté avant de passer à une prochaine paire.
Pour fabriquer ces boîtes à sons, c'est très simple. J'ai recyclé des œufs kinder, que j'ai rempli de différents matériaux : 2 œufs garnis de clous, 2 œufs garnis de perles en bois, 2 œufs garnis de riz, 2 œufs garnis d'un grelot, 2 œufs garnis de pièces de monnaie. Pour que cela fasse 2 mêmes sons, les paires d'œufs doivent être fournis identiquement. J'ai ensuite scotché le tout avec du masking tape pour une petite touche déco sympa. Pour terminer, j'ai collé des gommettes de couleurs similaires sur les paires d'œufs, pour permettre à Pomme 2 de se corriger seul. Il doit retourner l'oeuf afin de vérifier s'il a entendu juste.
Cet atelier est totalement maîtrisé par Pomme 2.
- Les cloches :
Dans la classe de Céline Alvarez, ce sont de petites clochettes de couleur similaire, qu'il faut actionner en appuyant sur un bouton qui se trouve à leur sommet. Céline en possède deux jeux, de façon à associer par paires les notes des clochettes.
Seulement voilà, Montessori oblige, c'était trop coûteux. Je me suis alors contentée de commander sur amazon ces petites cloches qui ma foie, suffisent amplement (20€ environ). Pomme 2 ne focalise pas sur les différentes couleurs. J'ai de la chance.
Le principe de cet atelier est le suivant : chaque cloche émet une note unique. Mises dans l'ordre, elles donnent la gamme do, ré, mi, fa, sol, la, si, do. L'adulte doit donc faire sonner les cloches rangées correctement, une par une, et inviter l'enfant à bien écouter l'harmonie des sons qui s'enchaînent : du plus grave au plus aiguë. On propose alors à l'enfant de refaire tinter les cloches à la suite.
Pour augmenter la difficulté, nous pouvons mélanger préalablement les cloches pour que l'enfant les classe ensuite de façon à reconstituer la gamme.
Beaucoup plus tard, quand l'enfant sera totalement à l'aise avec ces exercices, nous pouvons lui faire combiner la note d'une des cloches et son symbole. Montrer par exemple le symbole du do en faisant résonner la cloche do. Symbole ré avec le son de la cloche ré etc...
Une fois l'association des notes et symboles assimilée, il est possible de laisser à la disposition de l'enfant une grande partition vierge, avec des jetons noirs, pour qu'il puisse composer et jouer des airs de musiques. Mais Pomme 2 en est encore bien loin. Pour l'instant, il se contente d'écouter et de reproduire la gamme.
Mieux percevoir par le toucher :
Pour confectionner cet atelier, j'ai simplement rempli une petit boîte à chaussures de paires de chutes de tissus. Pour bien différencier les paires entres elles, il ne faut pas hésiter à utiliser des tissus de textures très différentes. Personnellement, j'ai choisi : de la dentelle, du plastique, du caoutchouc (venant de gants ménagers), du coton, une éponge, du carton, de la feutrine, un gant de toilette bien rêche... Tout est permis !
N'étant pas douée pour la couture, je me suis contentée de découper les morceaux sans retouche. Mais il est possible de réaliser des carrés de tissus plus propres et plus jolies.
Le déroulement de cette activité sera la suivante : nous devons bander les yeux de l'enfant, lui faire toucher un des tissus, puis lui demander en touchant les autres tissus dans la boîte de retrouver son jumeau.
Pomme 2 apprécie ce petit jeu, mais il ne va pas encore jusqu'au bout. Il finit toujours par enlever le bandeau sur ses yeux. Je pense qu'il le gêne. Nos séances sont à chaque fois écourtées du coup.
Mieux sentir et mieux goûter :
Tout comme Céline Alvarez, je ne dispose pas de matériel spécifique pour affiner ces 2 derniers sens. Je pense, comme elle, que les expériences vivantes ne peuvent pas être remplacées par de l'artificiel. La plupart des lotos des odeurs que j'ai pu tester représentent mal les différentes senteurs que nous souhaitons exposer à nos enfants. C'est un sens qu'il faut aiguiser au quotidien, tout comme le goût. Alors, chaque occasion est bonne à prendre : sentir les fleurs dehors, sentir les herbes et épices pendant que nous cuisinons, sentir les parfums, sentir les embruns de la mer... Goûter chaque ingrédient d'un gâteau, faire remarquer l'amertume, l'acidité, le salé, le sucré d'un aliment. Autant de moments propices pour toutes ces découvertes.
Comment présenter ces ateliers :
Nous avons fait le tour de mon matériel didactique concernant l'affinage des 5 sens. Vous avez pu apprendre à vous en servir. Mais quelle attitude adopter face à l'enfant ? Pour commencer, il faut toujours introduire ces activités à l'enfant en les effectuant nous-même une première fois, sous ses yeux. Et silencieusement. Si vous avez lu mon article de présentation du livre de Céline Alvarez, vous savez alors que le cerveau ne peut se focaliser que sur une unique donnée à la fois. C'est pourquoi il est recommandé de toujours réaliser les gestes sans paroles pour que l'enfant puisse se concentrer sur ce qu'il regarde. Parler ne ferait que parasiter son apprentissage avec un trop plein d'informations à gérer d'un coup.
Par la suite, l'enfant va reproduire. Sûrement maladroitement, en faisant des erreurs. Pas de panique ! Chacun son rythme ! Certains enfants maîtriseront en quelques minutes un jeux, quand il faudra plusieurs semaines à d'autres pour en arriver au même résultat. En tant qu'adulte, nous nous devons de nous placer en observateur. Pas de commentaires positifs ou négatifs. Juste un petit coup de pouce quand il le faut pour aiguiller l'enfant lorsque ça coince. Il ne faut pas hésiter à représenter autant de fois que nécessaire les ateliers où l'enfant ne sait plus quel était l'objectif.
Les séances de jeux ne doivent durer que quelques minutes. Il est préférable d'arrêter un atelier avant que l'enfant ne se lasse, quand son intérêt est encore vif.
Lorsqu'une activité est choisi et pratiquée à l'initiative de l'enfant, n'intervenir que si ce dernier réclame une aide. Sinon, observer.
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J'en ai terminé pour aujourd'hui. J'espère que cette présentation vous aura plu. Que des idées vont germer. Je sais qu'il existe tout un tas d'autres équipements Montessori. La liste est longue. Pour ma part, je préfère m'en tenir à un matériel simple et réduit. Ainsi, Pomme 2 ne se sent pas perdu face à une étagère qui déborde. Lorsqu'il ouvre son placard d'école, il choisit toujours très rapidement l'activité qui lui plaît sur l'instant. A vous de trouver votre équilibre.
A très vite pour la suite.
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