Je vous en parlais dans mon article de bienvenue, après avoir fait le choix de l'instruction en famille pour mon fils de 3 ans, s'est imposé à moi de devoir trouver une méthode d'apprentissage : une pédagogie. Je dois vous avouer que j'ai erré des heures durant sur internet : sur des sites et des blogs de familles en IEF principalement. Je m'étais renseignée sur le site officiel du gouvernement Eduscol. J'ai pu y lire le programme de petite section de maternelle et y connaître le niveau attendu pour Pomme 2. J'avais pris le temps d'analyser des livres sur les lois et conseils quand on veut se lancer dans l'IEF. J'avais imprimé des centaines de fiches d'exercices à l'avance. J'avais préparé mon planning pour la rentrée et le programme était tout tracé jusqu'aux vacances d'automne. Tout était prêt. Seulement voilà...
Un constat s'est vite imposé à moi. Pomme 2 ne s'intéressait pas aux fiches d'exercices. Il avait soif d'apprendre et de comprendre. Il voulait avancer très vite dans certains domaines. D'ailleurs, je n'arrivais pas à suivre le rythme des impressions. Et paradoxalement, il butait dans d'autres matières. Il ne voyait pas la logique.
Je sentais bien que le soucis ne venait pas de lui, mais du support. J'étais perdue. C'est là que je me suis procurée mon Graal. Le livre Les lois naturelles de l'enfant de Céline Alvarez. J'en avais entendu parler. Je m'étais donc décidée à me plonger dedans, en désespoir de cause. Et j'ai très vite été conquise !
Dans cet article, je vais vous présenter la méthode et je l'espère, vous donner l'envie à votre tour de courir acheter ce guide. Je ne pouvais commencer à alimenter mon blog sans citer Céline Alvarez. Tout mon matériel, toutes mes leçons, toute ma pédagogie repose sur ses conseils. Il fallait que je lui rende tout les mérites.
Les lois naturelles de l'enfant, de quoi ça parle ? Je me permets de vous recopier la quatrième de couverture :
L'enfant naît câblé pour apprendre et pour aimer. Chaque jour, les neurosciences nous révèlent son incroyable potentiel. Pourtant, par manque d'information, nous lui imposons un système éducatif inadapté qui freine son apprentissage et n'encourage pas sa bienveillance innée. Plus de 40% de nos enfants sortent du primaire avec des lacunes qui les empêcheront de poursuivre une scolarité normale.
Céline Alvarez a mené une expérience dans une maternelle en zone d'éducation prioritaire et "plan violence", à Gennevilliers. Elle a respecté les "lois naturelles de l'enfant" et les résultats ont été exceptionnels. A la fin de la deuxième année, tous les enfants de grande section et 90% de moyenne section étaient lecteurs et affichaient d'excellentes compétences en arithmétique. Ils avaient par ailleurs développé de grandes qualités morales et sociales.
Ce livre fondateur révèle une autre façon de voir l'enfant et de concevoir son éducation à la maison et à l'école. Céline Alvarez explique de manière limpide les grands principes scientifiques qui sous-tendent l'apprentissage et l'épanouissement. Elle partage son expérience, les activités qui peuvent aider les enfants à développer leur potentiel, ainsi que la posture appropriée de l'adulte.
La révolution de l'éducation est possible.
Cela donne déjà très envie d'ouvrir la première page. Le livre commence par expliquer les conditions de travail de Céline Alvarez. Elle obtient le feu vert de l'éducation nationale pour mener une expérience sur 3 ans. Elle décide de prendre en charge une classe ZEP à Gennevilliers. Sur place, elle demandera à choisir elle-même l'ATSEM qui l'épaulera au quotidien. Elle se procurera également le matériel qui lui semblait le plus pertinent. Et pour terminer, elle réclamera de ne plus séparer les enfants par classe d'âge. Elle a donc pu enseigner à 25 élèves de 3 à 5 ans confondus.
Pendant ces 3 années, des chercheurs du CNRS de Grenoble, des psychologues, des scientifiques, des politiques sont venu en nombre contrôler régulièrement la situation. Ou par curiosité. Et les résultats sont édifiants.
Malgré cela, le couperet tombe. L'éducation nationale décide d'arrêter l'expérience. Ils retirent à Céline Alvarez le matériel, séparent à nouveau les enfants par classe d'âge, et ne répondront jamais aux demandes de Céline de continuer sa méthode. Elle décidera par la suite de démissionner.
Après cette introduction qui donne le ton, le livre se découpe en plusieurs parties :
I. L'intelligence plastique de l'être humain
On y apprend les derniers rapports scientifiques sur le fonctionnement et l'évolution de l'intelligence humaine. Tout s'appuie sur des travaux et des recherches. Les sources figurent à la fin du livre, dans une annexe.
L'être humain vient au monde avec un cerveau inachevé. Contrairement aux autres espèces animales qui elles devront évoluer toute leur vie avec un cerveau "figé". Le notre est certes immature, mais il détient une incroyable plasticité. Il s'adapte et se spécialise. Nous naissons avec 200 milliards de neurones mais très peu de connexions entre eux. C'est au cours de nos premières années de vie que 700 à 1000 connexions s'effectueront par seconde ! A chaque expérience, une connexion se créer. Jusqu'à la puberté, où nous connaissons tous un déclin de connexion synaptique, sans jamais perdre totalement cette faculté. Nous pouvons toujours apprendre une fois adulte, mais pas aussi facilement que lorsque l'on était enfant. On en déduit qu'un environnement riche et stimulant pèsera toujours plus dans la balance que les gènes. Pour peu que l'on n'entrave pas systématiquement les élans de curiosité des enfants (par sécurité, par hygiène, par conviction personnelle, des fois même par flemme!). Il faut ensuite prendre en compte l'élagage des connexions. Qu'est-ce que c'est ? C'est la spécialisation du cerveau ! Effectivement, nous créons énormément de connexions mais nous en perdons également. Le cerveau fait le trie et il est impitoyable ! Il n'a pas la notion de valeur d'un savoir. Il va garder en mémoire ce qui est répété, et donc utile. Le reste partira à la poubelle. Voilà pourquoi l'apprentissage se fait dans la répétition. Mais pas que. Pour apprendre, l'enfant a besoin de tout un tas d'autres éléments réunis :
- Une ambiance bienveillante : on le sait, un enfant qui a peur et stresse, n'apprend rien. Le cortisol, l'hormone du stress, bloque le cerveau de l'enfant. Et pire, il endommage des apprentissages déjà aquis. Il est donc plus que recommandé d'adopter une posture empathique, douce, calme envers l'enfant.
- Etre dans l'action : personne n'a jamais vu un enfant apprendre à marcher ou à faire rebondir une balle parce qu'un adulte l'avait assis sur une chaise auparavant afin de lui présenter une leçon académique sur le sujet. Non. L'enfant apprend en faisant. Il a besoin de visualiser, de toucher, de faire des prédictions, de tester. Lorsque ses prédictions (la balle va tomber) se concrétisent, cela va renforcer son apprentissage. Lorsque ses prédictions sont erronées, l'enfant va tester autre chose et ajuster son enseignement (la balle n'est pas tombée, pourquoi?).
- Un guide : toutefois, un enfant laissé seul devant un livre n'apprendra pas à lire. Tout simplement car l'humain est un être sociale qui aura toujours besoin de l'autre pour comprendre. D'une personne plus expérimentée qui va expliquer et démontrer. L'apprenti va ensuite reproduire et se perfectionner seul. Mais les adultes n'ont pas le monopole du rôle d'enseignant. Dans l'expérience à Gennevilliers, les élèves plus âgés partageaient avec plaisir leurs savoirs aux élèves les plus jeunes. C'était même pour eux l'occasion de réviser l'air de rien un acquis, tout en réfléchissant à comment le rendre abordable aux plus petits. Tout un programme ! Ce n'était donc pas un professeur que chaque enfant possédait mais 25 ! Grâce à cette liberté d'échanges qu'il n'est pas possible de mettre en place dans un établissement scolaire classique. Le partage, la bienveillance, la reliance avec l'autre, voilà ce qui nous fait progresser. Combien sommes-nous à avoir intégrer plus de connaissances lors d'une discussion avec un passionné que lors d'un cours en classe ?
- Pas de jugement : c'est en se trompant que l'enfant apprend. Les chercheurs sont formels :"Un individu apprend uniquement lorsqu’un évènement viole ses prédictions". L'erreur est juste un retour d'information, un ajustement pour renforcer l'apprentissage. En donnant une appréciation qu'elle soit positive ou négative, nous envoyons à l'enfant le message de l'erreur stigmatisée. En lui disant :"C'est bien" nous lui apprenons qu'il doit avoir un comportement qui correspond à l'attente de l'adulte et nous biaisons son processus naturel d'instruction. Un test scientifique raconté dans le livre vient appuyer ces propos : Les dits scientifiques ont mis en face d'enfants en bas âge des adultes en difficultés. Les enfants n'hésitaient jamais à venir en aide à l'adulte, spontanément, sans que personne ne le leur intime l'ordre. Les scientifiques ont par la suite séparés les enfants en 2 groupes. Un groupe d'enfants refaisaient individuellement le même test, sans récompense. Cela ne ratait jamais, les enfants continuaient à venir en aide aux adultes. Dans le second groupe, les chercheurs donnaient des récompenses aux enfants (un bonbon, un petit jouet). Contre toute attente, la totalité des enfants ont cessé de venir en aide aux adultes, malgré la promesse d'une récompense positive. Cela en dit long sur la motivation. Elle doit venir de l'enfant. L'adulte, pensant bien faire avec des gratifications, va juste détruire l'enthousiasme spontané et naturel chez le tout petit. Quant aux critiques négatives, elles ne feront que supprimer tout élan de curiosité et d'autonomie. - Du sens : cela peut paraître absurde de le préciser et pourtant. L'enfant, comme l'adulte, n'apprend que ce qui fait sens à ses yeux. Ce n'est pas la peine d'espérer lui enseigner les fractions si ne nous lui expliquons pas l'intérêt de ce savoir, par exemple. L'enfant doit pouvoir projeter un but, un objectif, et ce doit être toujours logique.
- Une seule donnée à la fois : aujourd'hui nous le savons, le cerveau n'est pas multitâche. Lorsque nous apprenons, nous ne pouvons nous focaliser que sur une seule nouvelle information. Introduire à un tout petit le concept des formes, des couleurs, et des grandeurs simultanément va rendre ces apprentissages plus laborieux pour lui. C'est pourquoi il est toujours plus sensé de présenter aux enfants un matériel didactique simple et épuré, qui n'aura pour but que d'inculquer une unique donnée.
Entre autre chose, nous découvrons également l'importance des jeux libres, du contact avec la nature, de la nécessité des temps d'ennuis et de repos. Mais j'essaye de résumer brièvement un récit très riche en informations. Alors je ne peux que vous conseiller d'aller lire le livre si vous souhaitez en apprendre d'avantage sur cette partie.
II. L'aide didactique :
Mon résumé pour cette partie sera bref. En effet, je compte présenter le matériel dans de futurs articles sur mon blog. Je tenais tout de même à écrire quelques mots.
Le matériel sur lequel s'appuie Céline Alvarez vient de la pédagogie Montessori. J'étais donc sceptique, car pour moi cette méthode ne représentait qu'une mode au coût très élevé. C'était avant de lire le livre de Céline. Maintenant, je sais que Maria Montessori s'appuyait sur des travaux déjà existants de Jean Itard et Edouard Seguin. Elle n'a fait que reprendre ce qu'elle trouvait le plus utile, le réarranger à sa sauce, et l'appliquer autour d'elle. Et ça marchait. Mais elle prônait surtout l'évolution de cette méthode. Elle encourageait les générations futures à faire comme elle : reprendre des idées et les améliorer.
Finalement, des personnes se sont appropriées sa pédagogie et l'ont commercialisée. Il paraîtraît qu'avant sa mort, Maria Montessori répétait dans sa langue maternelle, l'italien :"Ils n'ont rien compris..."
C'est pourquoi Céline Alvarez suggère un certain type de matériel. Mais elle conseille surtout de faire avec les moyens du bord, et de nous adapter à l'enfant. Ce que je trouve plus juste.
III. Soutenir le développement des compétences socles de l'intelligence :
Maria Montessori parle de périodes sensibles. Des instants de nos vies où nous sommes prêt à apprendre dans un domaine particulier. Ces périodes sensibles se produisent à peu près aux mêmes âges chez les tout petits : la marche vers 12 mois, le langage vers 18 mois,... Mais il y a surtout la phase dite des tâches exécutives entre 2 et 5 ans. La fameuse étape du :"Moi tout seul !"
C'est à ce moment que Maria Montessori conseille fortement de laisser l'enfant faire, mais aussi de l'inclure le plus possible dans les tâches quotidiennes du foyer. Cela va lui permettre d'apprendre à agir de manière organisée, en sollicitant sa mémoire de travail, pour garder en tête un objectif. D'exercer son contrôle inhibiteur, pour rester concentré sur le devoir en cours. Mais aussi de travailler sa flexibilité cognitive, pour détecter ses erreurs et les corriger. Il y a donc du bon de proposer à son enfant d'aider à passer le balai ! Et surtout, il n'y a aucun besoin d'en acheter un estampillé Montessori !
IV. Le secret, c'est l'amour : Dans cette dernière partie, l'auteure persiste et conclue que le meilleur moyen d'apprendre et de donner des ailes à nos enfants, c'est l'amour. La bienveillance, l'empathie, la patience, la douceur, le partage, la justice, l'altruisme... Autant de qualités que Céline Alvarez a tenue à inculquer à ses petits élèves. Et c'est ce qui en ressort le plus après ces 3 années d'expérience. Malgré leur séparation dans différentes classes, les anciens élèves de Céline continuaient à se retrouver en récréation. Ils s'aidaient et se protégeaient les uns et les autres. Ils avaient plus confiance en eux et en leurs capacités. Ils étaient calmes, gracieux. Ils s'adressaient aux adultes comme à des égaux. Ils aidaient leurs frères et sœurs à la maison. Et c'est ce dont l'auteure est le plus fière.
Si vous avez envie de lire un autre résumé plus complet que le miens, je vous invite à suivre ce lien. J'espère que cette présentation vous aura plu. Vous pouvez visiter le site officiel de Céline Alvarez. Vous y trouverez des vidéos, des articles, des conseils. Pour ma part, vous l'aurez compris, j'ai été plus que convaincue. Après lecture de ce récit, j'ai appliqué la méthode sur Pomme 2. En 2 semaines, les premiers résultats se faisaient déjà sentir.
Alors, n'hésitez plus et foncez !
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